France. Budget 2025 : le nouveau premier ministre se prépare à appliquer des mesures d’austérité violentes
Par N.TPublié le
Le « gouvernement démissionnaire » a concocté un plan de coupes drastiques dans les dépenses publiques en plus de l’inflation. Les cadeaux fiscaux aux entreprises et aux riches ont asséché les recettes. Le nouveau premier ministre manipule une bombe sociale
Qu’en est-il du budget 2025, l’autre sujet d’actualité brûlante dans la foulée de la nomination d’un nouveau premier ministre après le tour de passe-passe d’Emmanuel Macron pour faire barrage à la gauche arrivée en tête aux législatives ?
Le document financier doit être au Parlement le 1er octobre, conformément à la loi. Il serait toutefois question de décaler cette transmission, selon des informations du Monde, une situation inédite.
Alerte au « dérapage des finances publiques » ! ont martelé Bruno Le Maire et son ministre délégué aux comptes publics, Thomas Cazenave. Le déficit va atteindre cette année le niveau record de 5,6% du PIB contre 5,5% en 2023, ce qui avait déclenché une procédure pour déficit excessif de la part de l’UE qui attend la France au tournant, tout comme les agences de notation.
16 milliards d’économies immédiates
Les rentrées fiscales (TVA, impôt sur le revenu et sur les sociétés) sont à la baisse par rapport aux prévisions. Et les dépenses des collectivités locales ont considérablement augmenté depuis le début de l’année. Bruno Le Maire a pris soin d’annuler par décret quelques 10 milliards d’euros de dépenses et « mis en réserve » 16,5 milliards d’euros de crédits supplémentaires. Mais… peine perdue, cet effort de rigueur a été aspiré dans le contexte politique crée par la dissolution du Parlement, regrette-t-il. Dès lors, il sera préconisé au nouveau premier ministre de réaliser 16 milliards d’euros d’économies immédiates.
Le raisonnement semble de prime abord logique, mais en réalité les dés sont pipés. Pourtant supposé être identique au précédent (492 milliards d’euros), comme annoncé par Matignon, le budget 2025 est en diminution. « En tenant compte de l’inflation, on enregistre une baisse de 15 milliards d’euros. Seuls les budgets dédiés à la défense et la sécurité augmenteront plus vite que l’inflation, », pointe le président de la Commission des finances à l’Assemblée, Eric Coquerel (France Insoumise). Mais pas seulement. « Les documents transmis par Bercy prévoient des coupes en valeur absolue dans de nombreux ministères », précise-t-il. Bercy table même sur 30 milliards d’économie pour atteindre 5,1% de déficit.
« Une conséquence récessive sur l’économie »
« Cette politique de baisse des dépenses publiques non seulement ne règle pas la raison première des déficits, causés avant tout par la baisse des recettes, mais en plus, en période de reflux de l’activité économique, aura une conséquence récessive sur l’économie», met en garde le parlementaire chargé des Finances.
« Nous sommes dans une spirale d’austérité. La baisse des recettes fiscales, les cadeaux aux entreprises et aux riches, ont asséché le financement des services publics », note de son côté Denis Gravouil Secrétaire confédéral CGT. Il s’agit « d’un choix politique, souligne-t-il, que l’on tente de justifier par la baisse des recettes et la pression de l’UE, des prétextes ».
C’est dire l’importance pour Macron d’installer à Matignon un premier ministre de son camp, ou proche, exécuteur d’un budget préparé « sur une base austéritaire violente », a dénoncé Sophie Binet, sur le ton d’une « rentrée offensive ».